dimanche 31 octobre 2010

ULTIMATE FRISBEE - TOURNOI DE KALABAN COURA (BAMAKO)

Dimanche 31 octobre.

Après la soirée plutôt bien arrosée d'hier soir à la maison des arts -poumon du quartier Djikoronipara Touroukabougou que je décrirai prochainement en allant y effectuer un reportage-, je me lève ce matin et ingurgite un nurofen en guise de petit-déjeuner pour venir à bout d'un mal de tête plutôt désagréable...
Aujourd'hui, j'ai rendez-vous à 15h sur le terrain de sport de Kalban Coura -sud de Bamako- où doit se dérouler le tournoi d'ultimate frisbee organisé par Rodrigue Dufaur. Rodrigue est un français de bientôt 32 ans travaillant en tant que consultant en systèmes d'informations au sein du groupe e-sud -www.e-sud.fr-. Venu ici de novembre à décembre 2009, de janvier à mai 2010 et actuellement de septembre à novembre, il travaille, accompagné de sa copine Marie et de mon ami Vincent au développement de l'ultimate frisbee au Mali en collaboration avec l'association discs for all -http://www.facebook.com/pages/Discs-For-All-Disques-Pour-Tous/131564060217962?ref=ts#!/pages/Discs-For-All-Disques-Pour-Tous/131564060217962?ref=ts-.
Ne connaissant pas le lieu, j'appelle Papus pour y aller avec lui. Je passe à Badalabougou faire le grain une petite heure puis grimpe sur sa moto , laissant la mienne à Drissa et un autre copain du quartier. Sur le chemin, Papus m'indique quelques lieux à connaître pour se repérer dans la Capitale (un hôtel, un rond-point, un carrefour...). Arrivés sur le lieu de la compétition, je trouve Rodrigue en train de présenter l'opération aux journalistes télé venus filmer l'événement. Il y a beaucoup d'enfants sur le terrain de basket jouxtant la parcelle de terre battue où vont se dérouler d'ici quelques dizaines de minutes les matches de ce 2 ème tournoi bamakois. Un ballon occupe certains à l'exercice de quelques dribbles tandis que d'autres lancent des frisbees composant une constellation d'objets circulaires dans l'air lourd de Bamako... Les responsables de chaque équipe se rassemblent afin que Rodrigue leur explique le déroulement du tournoi : les oppositions dureront 15 minutes et seront espacés de 10 pour souffler.
Il manque des joueurs dans l'équipe de Badalabougou -composée des volleyeurs de l'équipe de Papus- et je dois compléter l'effectif formé par mes récentes connaissances. Nous jouons le premier match face à l'équipe des Petits Pumas et gagnons 7 à 3 sous une chaleur qui me fait vite comprendre que jouer à 100 % ne sera pas pour aujourd'hui... Des sachets d'eau fraîches sont mis à disposition des joueurs et permettent de se désaltérer entre 2 parties. Les enfants du quartier venus observer ce nouveau sport ne me lâchent pas et paraissent intrigués par la couleur de ma peau : ils me dévisagent et me touchent pour m'enlever la terre restée sur mes bras moites...
Nous gagnons notre deuxième match face à l'équipe 1 du Diougal Club par 5 à 4 et nous qualifions ainsi pour la demie-finale. Menés 4 à 0 dans cette dernière nous remontons à 4 partout et là surgit la polémique, the polémique : juste avant la fin du temps réglementaire nous marquons le 5ème point synonyme de finale. Les jeunes de Fribless ne sont pas d'accord et défendent le fait qu'ils avaient déjà 5 points. On parlemente énergiquement en bambara jusqu'à ce que Rodrigue hausse le ton en expliquant que les choses ne doivent pas se passer comme ça : il prend les 2 capitaines à l'écart des bordéliques délibérations et les invite à s'expliquer calmement tous les deux. Finalement, Papus leur laissera la victoire. "- Ce sont des jeunes qui s'entraînent beaucoup à ce sport, nous on est venus juste pour participer et s'amuser, il est par conséquent normal que ce soient eux qui jouent la finale... ça leur fait plaisir". Les choses rentrent dans l'ordre.
Sortir l'appareil me paraît un peu difficile ici mais je me force car depuis que je suis arrivé, je vois des photos partout ! Ce gros boîtier noir attire les regards mais peu à peu je prends mes aises et immortalise quelques scènes afin de laisser une trace imagée de cette belle journée de sport. A la fin du match, on forme la fameuse ronde de fin de match chère à l'esprit fair-play de l'ultimate frisbee. Ce cercle formé par les 2 équipes qui s'entremêlent en se prenant par les épaules est le moment pendant lequel les 2 capitaines prennent la parole et reviennent sur la partie. Ils y parlent du jeu lui même et de son esprit. Aujourd'hui on fait ça au micro afin que le public partage ce moment de convivialité sportive. Il est l'heure d'aller se coucher pour le soleil qui disparaît paisiblement derrière les murs de l'école et chacun regagne son quartier bien fatigué mais heureux ... Merci Rodrigue !


Les jeunes du quartier sont venus nombreux découvrir l'ultimate frisbee.


Le Directeur Technique National de Volley-Ball délivre quelques conseils à son équipe.


Sourire d'enfant.


La table de marque.


Papus au milieu des couleurs de son Afrique.


Les terrains étant plus petits que la taille réglementaire, les matches se déroulent à 5 contre 5 au lieu de 7 contre 7.


Point !


En arrière plan, les fameuses sotramas.


l'esprit est très compétitif et la victoire importante.


La fameuse polémique de la demie-finale.


Au deuxième plan, Rodrigue présente le sport et l'évènement au médias.


Les jeunes filles s'occupent des bambins.


On aime poser devant l'appareil.


Les enfants auront passé un bel après-midi.


Les sachets d'eau furent préparés par hirondelle communication, prestataire de service qui s'occupe aussi de l'animation du tournoi (sono).


Tribune improvisée.


Beaucoup de jeunes jouent en sandales.


Le coup droit est parfaitement maîtrisé, preuve des progrès effectués.


Bagarre pour le disque en zone décisive.


La finale fût remporté par Bakacity face à Fribless sur le score de 8 à 2.


On s'amuse sur le bord du terrain.


Les filles célèbrent la victoire de leurs copains.


Pendant la ronde de fin de match.


L'équipe finaliste : Niaréla. L'entraineur est Dieudonnée (debout à gauche), Nicolas (toubabou) l'aide pendant sa présence ici.


Les enfants poussent la fourgonnette les transportant afin de la faire démarrer.

samedi 30 octobre 2010

SUR LA COLLINE.

Samedi 30 octobre.

Aujourd'hui -vendredi-, nous décidons une petite excursion sur "la colline". Lieu duquel, parait-il, la vue sur Bamako et son fleuve y est assez photogénique... Histoire de me faire la main sur la moto, je suis Rodrigue (un ami centrafricain) et Jo dans les proches et courts dénivelés menant sur ce point surplombant -une partie de- la capitale. La journée se termine par mon premier grain avec Papus et ses amis dans leur quartier : Badalabougou.


Un de mes nombreux autres colocataires "squatteurs"...

Supermarché Azar et break Renault.

Bamako.

Bamako et fleuve Niger.

Rodrigue et moi.

Jo et Rodrigue.

RECIT D'UNE ACQUISITION

Samedi 30 octobre.

Question déplacements, Vincent m'avait conseillé d'acheter une moto. J'en parle donc à Jo pour savoir un peu comment je pourrais m'en procurer une puis nous en touchons deux mots à Ibrahim, le jeune guide dogon chez qui j'avais mangé mon premier repas à l'africaine. Le surlendemain (jeudi), il nous téléphone pour nous dire qu'il avait trouvé quelque chose pour moi. Il passe donc à la maison et me propose d'aller voir ça... Je m'installe derrière lui sur sa Djakarta et nous voilà partis aux négociations. Encore une fois le trajet est riche en émotions : nous devons aller dans le centre ville pour voir un ami à lui qui tient une concession de 2 roues. Je me retrouve au beau milieu de cette folle circulation et serrer les fesses est la seule chose que je puisse faire... "- Tu dois me suivre quand on tourne et tout ira bien" me dit Ibrahim (ayant eu une courte expérience de motard, je comprends sa demande et me penche du côté du virage pour éviter le risque de chute). Nous traversons un des 2 grands ponts qui enjambent le fleuve Niger. Sur ce dernier, la partie centrale est réservée aux voitures et sur le trottoirs nous côtoyons bicyclettes et piétons. Etant un peu tendu, je demande à mon pilote de ralentir un peu et à mon plus grand soulagement il exécute très gentiment ma requête. Nous traversons le grand marché ombragé par de grands arbres, je regarde de part et d'autre et mes yeux croisent ici encore tout le possible et imaginable. La population se densifie peu à peu, je comprends que nous arrivons dans le centre ville... Nous garons la moto, un monsieur donne un ticket à Ibrahim pour le stationnement et nous terminons à pied. J'essaie de suivre mon négociateur en slalomant dans ce tintamarre urbain. Quelques pas plus loin nous voici arrivés. Nous pénétrons dans une sorte de couloir dans lequel sont alignés les 2 roues et où le passage est incessant (ce n'est pas un cul de sac). Ibrahim commence les négociations avec son ami, bien évidemment en bambara, moi j'ouvre la bouche de temps à autre, quand mon collègue m'interpelle en me traduisant une phrase. Je ne suis pas forcément à mon aise. Le marchand nous propose 3 machines d'occasion (pour mes 6 mois ici, une seconde main fera l'affaire). Je ne sais pas exactement combien de temps durent les négociations puisque un peu abasourdi. Le choix est maintenant fait et il nous faut aller tester la bécane sur route pour voir un peu ce qu'elle a dans le ventre. Nous sortons dans la rue et Ibrahim me confie à son ami le temps qu'il aille chercher sa moto. Me voilà totalement seul au milieu de l'Afrique. Pas un seul toubab (blanc) à l'horizon. Voilà exactement la raison pour laquelle j'aime partir seul, les émotions sont tellement fortes que ces instants, temporelement insignifiants, restent à jamais gravés au plus profond de nous sous forme de souvenir indélébile. Quand Ibrahim revient, il enfourche ma future fidèle accompagnatrice et laisse la sienne au mains du vendeur. Je grimpe derrière Ibrahim. Nous voilà partis en séance d'essai ! Nous frôlons tout sur notre passage (piétons, voitures, somatras, animaux...) et Ibrahim n'a pas l'air mécontent de la machine. Nous devons consulter Jo (car intermédiaire entre nous deux) et filons donc dans mon quartier des 300 logements. Je réveille Jo de sa sieste, il teste la moto et rend un avis mitigé. Sur ces entrefaits Papus arrive et à son tour s'offre un petit tour. Je fais ressurgir cette sensation d'avoir un guidon entre les mains en exécutant un aller-retour dans la rue tel que je le faisais adolescent lorsqu'un pote débarquait avec une nouvelle meule. Nous discutons tous les 5 sur mon éventuelle acquisition. Je rends mon verdict en confirmant l'achat et nous partons à Badalabougou (quartier se situant avant le pont et donc pas très loin de chez moi) au distributeur. Le premier d'entre eux me refuse les 265 000 francs que vaut ma Djakarta; le vigile de son voisin me signale qu'aujourd'hui il a quelques problèmes de connexions... Pendant ce temps là, Ibrahim et le marchand patientent sur le parking. La situation n'est pas très confortable... J'explique mon problème et nous nous dirigeons non loin d'ici vers ma troisième tentative : la Bank of Africa. Je remercie ma bonne étoile de jouer en ma faveur en me faisant ressortir d'ici montant demandé en main. La transaction étant réglée et la lumière ambiante commençant à s'estomper, il me tarde maintenant de rentrer. Mes modestes 3 petites journées passées dans ma nouvelle ville font que le trajet retour n'est pas une évidence pour moi. Mes deux compères sont assez pressés car le magasin va bientôt fermer et il leur faut y passer pour qu'Ibrahim récupère la facture. Sa gentillesse m'amène jusqu'à un carrefour que je reconnaît. Là ils me laissent. Pensant m'installer au guidon pour rejoindre mon coloc, voilà qu'en plain milieu d'une circulation d'heure de pointe, le vendeur ouvre mon coffre afin de relever le numéro de série de la bête ! Vive l'Afrique ! Mon baptême dans cette circulation se passe bien et j'arrive à bon port sain et sauf.
Le soir nous sommes invités au souper à quelques pas de chez nous dans la sympathique petite maison d'amis de Jo. La soirée se passe bien et je fais la connaissance de 2 couples : un francocentrafricain et un francomalien.
Au retour à la maison, Omar notre gardien me délivre la facture de la moto. Je rejoins Morphée à l'aide du diaporama de cette folle journée...


Moi et l'objet de mon récit devant la porte de ma chambre.


jeudi 28 octobre 2010

1er JOUR : A LA DECOUVERTE DE LA RUE DE BAMAKO

Jeudi 28 octobre, après-midi

Cette journée commence par un toc toc toc en guise de réveil. Il est 8h quand Papus frappe à la porte de ma chambre. Il vient apparemment pour s'assurer que tout va bien pour moi...
"- Tu ne va pas être en retard au travail ?
- Non, j'ai prévenu mon chef qu'aujourd'hui j'arriverais plus tard." Papus est stagiaire chez un médecin libanais, il s'occupe de l'accueil des patients et améliore son anglais en traduisant le bambara des clients à son responsable.
Je ne pensais pas le voir ici ce matin et sa présence me fait plaisir. Je lui remets les quelques cadeaux que Vincent m'a chargé de lui offrir : un maillot d'ultimate freesbie de notre club de Grenoble et un petit album photo dépeignant le passage de mon ami ici. "- Sacré Toto!" dit-il en me décrivant les lieux et les moments de chaque prise de vue. Nous discutons une bonne demie-heure autour d'un café puis je le raccompagne à sa moto garée devant la maison. Je files à la douche et m'aperçois qu'il va falloir que j'oublie la bonne eau chaude d'une toilette matinale : un seul robinet permet au liquide de s'échapper des canalisations donc l'eau sort à la température que bon lui semble (au fil de la journée elle se réchauffe donc). Peu importe, il fait déjà chaud et quelques demis-frissons permettront un bon réveil!
Jo fait de même (après moi il en va de soi) et ensemble nous partons retirer de l'argent au supermarché Hazar libre service qui se trouve à une dizaine de minutes en taxi. Nous sortons de la maison pour ma première balade dans les rue de la capitale. Magnifique. Les couleurs me sautent au yeux, la terre des rues est rouge, quelque végétation me rappellent le vert de mon maillot favori et le ciel azur apporte la troisième dominante du tableau. Ici et là les hommes font le grain, nous croisons quelques femmes vêtues de l'habit local (riche en couleurs), et les enfants nous dévisagent dans un sentiment mêlé d'envie et de curiosité. Nous nous postons au bord de la route et attendons quelques minutes le passage d'un taxi. Je suis toujours ébahit par le spectacle qui s'offre à mes yeux : la circulation est dense. Motos -quasiment que des djakarta importées de Chine, moteur 80 cm cube 4 temps, boîte 4 vitesses -, voitures, charrettes et sotramas -fourgonnettes pleines à craquer d'humains, portes latérales ouvertes, certaines équipées d'une simple chaîne en guise de portière et évitant la chute (!), la plupart sont vertes et décorées par des autocollants du Che, de Drogba ou de personnalités locales- s'entremêlent provoquant un vacarme dans mes tympans et une odeur de pollution assez piquante dans mes narines. Nous arrêtons un taxi (de la même manière que nous l'aurions fait à Paris, New-York ou Pékin, ça c'est universel), Jo se charge du dialogue :
"- Nous allons à Badalabougou, au supermarché azar...
- D'accord, c'est 1500 francs (2 euros)...
- Non, c'est 1000 francs, j'habites ici et je sais que le prix malien est 750 francs.
- Aller c'est bon !"
Le chauffeur sourit et nous accueille dans son véhicule -encore une mercedes des années 90 et importée d'Europe-. Je monte à l'arrière. Jo indique au chauffeur -quazi pilote dans ces conditions- le chemin précis du trajet car ce dernier n'est apparemment pas du quartier et travaille probablement dans l'autre partie de la ville qui se situe de l'autre côté du fleuve. Moi, je profite de mon baptême véhiculé en admirant les bas-côtés de la voie: et BIM! Un atelier de menuiserie voisine un salon de coiffure, quelques chèvres se reposent sur les marches d'un bâtiment, les étalages d'un marchand de pneu côtoient une épicerie...bref, il y a de tout ! Et toujours le grain, les cargaisons chargées sur la tête...
Je retire mon argent et nous repartons à la quête d'un taxi jaune pour rentré à la maison. Cette fois je monte à l'avant. Sur le trajet, un policier nous arrête; j'ai du mal à comprendre s'il réclame les papiers du taximan ou les nôtres... Notre chauffeur n'a pas l'air tranquille et sort d'entre les 2 sièges un sac plastique contenant la requête de l'homme en bleu marine. "- Extincteur ? demande l'agent", ma récente connaissance ouvre le vide poche devant moi, l'objet demandé est là, tout est en règle, nous repartons.
A la maison, la copine de Jo nous ouvre la porte. Awa, notre femme de ménage prépare le repas. Petit point sur la présence de cette personne : présente dans chaque foyer, une jeune fille très souvent originaire de la brousse et qui ne parle pas français -c'est pourquoi contrainte à ce genre de travail- est chargée des tâches ménagères de la maison comme le nettoyage des sols, la cuisine, la vaisselle et la lessive une fois par semaine (le mercredi). Chez nous, elle arrive tous les matins vers 10h (sauf le dimanche) et débauche aux environs de 15h. Son salaire : 20 000 chez nous -à savoir que dans les familles maliennes leur rémunération est de 7500 francs (pour ces chiffres, enlever 2 zéros pour avoir l'équivalent en Francs français) qu'elles y possèdent une petite chambre et par conséquent y vivent 7 jours sur 7 et 24h sur 24. Pour moi, toubab fraichement débarqué du Nord, cette situation me dérange un peu mais Jo me rassure en me confiant que lui aussi ressentait ceci à son arrivée : "Dis toi que si elles ne faisaient pas ça elle seraient en train de mendier dans la rue. Cette activité est source d'emploi et elles font ça pour changer de vie, celle au village n'étant pas terrible." Bref, il me faut donc accepter que "c'est comme ça" et je dois digérer la chose.
Pour clore le chapitre sur les employés de la maison (appelé ici petit personnel), un gardien est employé dans chaque habitation. Son job : surveiller les lieux pendant la nuit. Dans mon nouveau chez moi, Omar passe son début de soirée avec ses quelques potes sur le palier puis rentre dans notre patio dormir sur le canapé (à ce sujet les filles lui avaient fourni un matelas, sans succès). Son job comporte aussi une partie commissions : quand nous avons besoin de quoi que ce soit, nous le lui demandons et il nous rapporte la commission (boissons, nourriture, mobicarte...). Il rentre chez lui à 8h du matin et ne travail pas le lundi. Son salaire : 30 000 Francs CFA. Je sais que ces paroles peuvent paraître choquantes mais là encore il me faut accepter. Je vois ainsi de mes propres yeux les écarts qui existent sur cette planète.
Aujourd'hui Awa a cuisiné des frites et du boeuf (la viande n'est pas cuite à la poêle mais bouillie), je savoure ce premier repas malien.
Nous voilà parti rendre visite à Ibrahim, un ami de Jo. Gaya, le chien de la maison nous accueille, Ibrahim et ses 2 copains sont là, assis autour de la table surement "made in China" (comme beaucoup de choses ici) sous le "store" végétal. Surprise, ils nous attendaient pour manger... et manger...à l'africaine ! Bien que je sors de table, je me dois d'accepter l'invitation en goûtant ce repas. La grande assiette commune et en terre cuite est accompagnée d'un pot métallique contenant de l'eau. On m'invite à me laver les mains le premier, pendant ce temps Ibrahim remplit le plat de riz et l'arrose d'une sauce à base de beurre de karité. J'observe les premières bouchées de mon hôte et de ses acolytes pour à mon tour utilisé ma main droite comme fourchette (oui oui c'est la première fois de ma vie). "Toro ci té !" (pas de problème) ! Je passe à l'acte, le plat est très bon et je me ressert plusieurs fois ! Je me rince ensuite les mains dans le conteneur métallique et remercie Ibrahim.
Nous passons l'après midi avec eux, de temps à autre les téléphones sonnent, des gens arrivent, puis repartent... Le contact est facile et je présente même Papus (que je connais depuis hier) à Ibrahim ! A ce sujet Papus m'explique qu' "au Mali, il y a un dicton qui dit : tu peux faire regarder des yeux entre eux mais jamais casser ce regard", en gros tu peux créer des relations mais tu ne peux pas les rompre. Une pluie nous envoie à l'intérieur, elle s'arrête 15 minutes plus tard et aura au moins eu le mérite de rafraichir le fond de l'air...
Vers 18h la nuit pointe son nez et lorsque nous retournons à 19h, il fait noir. Sur le chemin (5 minutes à pied) j'observe la rue s'apaiser et les lumières s'éclairer. Je demande à Omar un sandwich, boit son thé et termine ce premier jour tranquillement en tapotant sur un luxueux clavier...


Jo et moi.

Une orange.

Les voisins.

mercredi 27 octobre 2010

BIENVENUE AU MALI !

Mercredi 27 octobre 2010, 0:07

Le voyage s'est bien passé, installé entre une malienne et un compatriote du drapeau vert-jaune-rouge (les quelques paroles échangées avec eux me donnait donc une mise en bouche assez sympathique, au sens propre du terme bien sûr..). J'ai donc passé les 6h de ce vol Paris-Bamako tantôt à regarder un film dont je ne me rappelles plus le titre, tantôt à somnoler, masque Air France "anti lumière" (du genre "bah dis donc tu viens plus aux soirées" d'Omar et Fred) sur les yeux. La petite carte interactive sur laquelle avance notre avion à à peu près la vitesse d'un escargot me fait comprendre que je suis en train de passer à 11000 mètres au dessus de mon Andalousie chérie. Je tente de regarder par le hublot histoire de me rappeler mes arrivées à l'aéroport Pablo Ruiz Picasso de Malaga (car Picasso est né à Malaga) mais en vain (je suis tout simplement trop loin du cafuron -qui signifie en gaga stéphanois "petite fenêtre"-). Peu importe, je pense tout de même aux gens que j'ai connu là-bas et qui firent partie de mon quotidien il y a de ça maintenant 2 ans...
Ca y est ! Nous avons traversé la "Mare Nostrum" de Jules et nous voici officiellement en Afrique, ou du moins au dessus de celle-ci... Et ça, ça fait plaisir ! Je profites du Maroc et de la Mauritanie pour m'offrir un bout de Gorilles dans la brume avec la belle Sigourney Weaver puis pour me coller un dernier petit somme (le film est bien mais étant debout depuis 6h du mat et inactif, les paupières commencent à peser). Pendant la descente sur Bamako, grâce aux bons goûts musicaux d'Air France, je me cale le dernier album de Tiken Jah : African revolution. Une odeur du bain donc avant le contact physique...
20h30, atterrissage et voilà le ptit stephanoespanogroblois qui foule le territoire malien ! L'aéroport n'a rien à voir avec nos usines à gaz européennes (le Charles de Gaulle est quand même un bon gros labyrinthe...), ici pas de rolex de 5x4m nous aveuglant de tous ses diamants (des pubs quoi), pas d'étages (on peut donc appeler ça un aéroport plein pied) donc pas d'escalators, mais...du peuple ! Des gens de partout ! On contrôle vite fait mon petit papier jaune (preuve que je suis vacciné contre la fièvre de cette même couleur) et mon passeport, puis, dans la même pièce, je me dirige vers le tapis roulant. Un malien vient me proposer ses services pour porter mes bagages en contrepartie d'un billet (et oui, je suis blanc), je refuse gentiment en lui expliquant que quelqu'un est là pour moi à l'extérieur. Ce quelqu'un, c'est Papus : un local de 30 ans dont j'avais le contact grâce à Vincent (ces 2 derniers ont tissé un fort lien d'amitié pendant les quelques mois passés ensemble ici l'année dernière) et avec qui nous avions eu quelques conversations téléphoniques avant mon voyage pour régler les quelques formalités de mon arrivée. Je le retrouve donc sur le parvis de l'aéroport, sourire au lèvres. Je ne sais pas si c'est le fait d'être rassuré ou si c'est ce sens si particulier de l'accueil qu'ont les maliens mais je suis moi aussi heureux ! Il flotte étrangement comme un parfum de retrouvailles ! Nous nous dirigeons vers le parking où son pote Drissa nous attend avec la voiture... et là, BIM ! A quelques mètres de nous (2 ou 3) une femme au volant d'une bagnole assez énorme (genre Bentley) pile (s'arrête brusquement) devant un pick-up (et qui dit pick-up dit par-buffles) de la sécurité... Le choc est assez violent bien que les véhicules roulaient à basse vitesse. S'en suit une dispute -dont j'arrive à capter quelques mots français- attirant les badeaux. Bienvenue au Mali !
Nous embarquons à bord de la merco 190 (années 90) de Drissa, mes 2 compères ne mettent pas la ceinture, j'en déduit qu'ici elle n'est pas obligatoire et m'accoude entre les 2 sièges avants pour profiter du mieux possible de ce nouveau pays. Du son malien sort des hauts-parleurs, les fenêtres sont ouvertes (et oui il fait chaud ici), me voilà prêt pour halluciner : déjà, nous sommes sur une large 2 voies et nous roulons à à peu près 60km/h (c'est une route où nous pourrions chatouiller les 130 en France), l'éclairage public n'est pas terrible mais suffit pour que le spectacle qui s'offre à mes yeux me laisse bouche bée. A l'approche des premières habitations, les abords de la chaussée sont peuplés de petits groupes "fesant le grain" devant des logements de fortune (j'ai appris aujourd'hui que quand on "fait le grain" au Mali c'est qu'on se retrouve là, devant les maisons à boire le thé, à discuter, à passer le temps entre amis). Quelques écrans de télévision perforent la nuit, la circulation est assez dense et me paraît, pour tout dire, assez bordélique (mais a l'air de me plaire). A signaler aussi qu'ici, on roule sans casque. Et là, re-BIM ! Non ce n'est pas un accident, ce sont, au milieu d'un carrefour et à quelques mètres de ma vitre de gauche, 2 ânes tirant une charrette ! Aucun doute je ne suis plus en Europe ! Je boue intérieurement, quel dépaysement ! Vive les voyages ! Vive L'Afrique !
Arrivé devant la maison (que Papus m'avait trouvé pour que je sois bien en arrivant) dans laquelle je vais vivre dès à présent et située dans le quartier des 300 logements de Bamako, je salue le gardien Omar puis découvre mon nouveau coloc : Jonathan aka "Jo", un français de 25 ans arrivé ici il y a 5 mois pour en passer 1 en vacances avec sa soeur et une amie (qui sont au passage mes 2 autres colocatrices -absentes pour le moment car en vacances en France-)... Finalement au lieu de remonter dans l'avion pour retrouver maman la République, il décidait de prolonger son visa d'un an !... Je remercie Papus et Drissa. Nous voilà donc tous les 2 et je sirote la première bière qu'il m'offre (et qui ne me fait pas de mal) en écoutant ce qu'est la vie au Mali... Nous faisons bien connaissance (...) 2 heures et 2 ricards plus tard, me voilà au lit, sous ma moustiquaire et ventilo au taquet. Ca y est, j'y suis et j'ai hâte de voir ça en couleurs...

Pour l'instant, je ne sors pas avec l'appareil, j'attends de gagner la confiance des gens pour pouvoir bien travailler. En attendant, voici quelques images de mes lieux de vie :