vendredi 26 novembre 2010

AMANDINE A BAMAKO

Mercredi 24 novembre.

Première journée pour Amandine dans les rues du centre-ville de Bamako, première visite de club d'ultimate, en voici ses impressions :

Après une matinée bien occupée à arpenter les allées du grand marché à la recherche de beaux tissus, nous avons maintenant rendez-vous à 16h30 à l’hippodrome avec Boubacar et Bakacity, l’équipe de Bakaribougou. Arrivés sur le champ hippique, on a du mal à distinguer des disques au milieu de toutes ces équipes de foot. Les jeunes s’entraînent sérieusement : tours de piste, échauffement, exercice, coach,… le foot ça rigole pas ici!! Enfin, un joueur vient vers nous avec un frisbee, ouf, on a trouvé notre équipe! Le terrain alloué à Bakacity se trouve au fond l’hippodrome. Il n’est pas très grand mais on est chanceux, y a de l’herbe au sol!!! Il y a 15 joueurs, agés de 10 à 18ans. Les joueurs se prennent eux-mêmes en main : il y a 4-5 skeuds de dispo et les lancers commencent. Bouba arrive et l’entrainement commence : échauffement en ligne, quelques allers-retours en trottinant et des accélerations. Puis, face à face simple, face à face cut/contre cut. Et même des face à face avec cut à l’avant et contre-cut en longue. Les enfants sont vraiment à l’écoute des directives de Bouba. Et là, je prends conscience de l’importance qu’a pris l’ultimate pour ces enfants : il doit y avoir une centaine de footballeurs et pas un joueur d’ultimate ne les regardent avec envie! Ils sont tous là, à courir après ce disque, ça fait tellement plaisir à voir! Après, un carré se met en place. Dieudonné, l’entraineur de l’équipe de Niaréla arrive. On commence donc une petite réunion technique avec Dieudo et Bouba tout en regardant les joueurs à leur carré. Combien de séances d’entrainement par semaine, combien de joueurs, quels exercices, est ce que les 2 équipes se rencontrent souvent? Bakacity est tres bien structurée et soutenue par Right to play, et depuis qu’ils ont un terrain herbeux, les disques s’abiment beaucoup moins vite. Bouba a trouvé une solution pour pallier au manque de plots : des petits seaux d’1L blanc. Et voilà comment tracer un terrain.Pour Niaréla, c’est plus difficile. Dieudonné n’est disponible que le week-end et le terrain n’est pas top. Mais pareil, les enfants sont ultra motivés…On décide de reparler de tout ça demain avec Right to play. Les exos sont finis, c’est l’heure du match : le terrain est mis en place pour les enfants, il n’est pas tres long mais assez large. On fait un 6 contre 6, les jaunes contre les rouges. Et on a meme le luxe d’avoir 1 remplaçant par équipe! Les joueurs courent bien, savent lancer, mais c’est sûr il y a quelques progrès à faire sur l’organisation de jeu en attaque comme en défense. En tout cas, chaque équipe a son scoreur, et il y aussi des handlers qui naturellement se créent. Je suis très fière de faire partie de ce match, et j’ai même eu l’honneur de faire une défense et de marquer un point! La mixité apparaît avec l’arrivée de 6 filles. Elles commencent à s’échauffer à côté. Malheureusement, Bouba ne peut pas s’occuper de 2 équipes (les filles finissent l’école un peu plus tard donc difficile de mener 2 entrainements en decalage et puis il faut avouer que le terrain n’est pas assez grand…). Donc les filles font juste des lancers entre elles. Puis on fait rentrer une fille dans l’équipe rouge. Les gars jouent aussi bien avec elle. Donc, faut vraiment penser à faire émerger la catégorie mixte…

C’est la fin de l’entrainement. Je donne la grande photo à Dieudonné, super content, qui va l’afficher à Niaréla. Et les photos faites par Vincent à Bouba, les gamins sont comme des fous, mais attention, on regardera les photos au centre, une fois qu’on se sera laver les mains ;-). Voilà, ce premier entrainement à Bamako etait vraiment super. Les jeunes sont motivés, font de jolies choses et il y a vraiment du potentiel. Il ne manque plus que d’autres équipes atteignent le même niveau (Bakacity est la meilleure pour le moment) afin que la compétitivité fasse progresser les équipes.

Demain, c’est l’entrainement de Sébénikoro…








DECONVENUES

Mardi 23 Novembre

Hier soir, Amandine est bien arrivée à Bamako, je lui laisse donc la parole concernant les activités prévues autour de l'ultimate frisbee...

Quelques déconvenues ne nous permettent pas de faire le 1er entraînement. Qu’à cela ne tienne, Danakil – un groupe de musique – est à Bamako et vient faire des photos dans notre quartier. Nous voilà partis avec l’appareil photo dans une main et le frisbee dans l’autre. En attendant les artistes, on commencent à lancer avec Chess et Jo. C’est la sortie de l’école et on rencontre un certain succès… Alors on commence à jouer avec 3 filles, revers, catch à la crocodile et hop on attaque les coups droits. De plus en plus d’enfants arrivent, et veulent jouer. Alors c’est parti ! on fait un énorme cercle avec une vingtaine d’enfants et on commence à lancer ! C’est peut etre les débuts d’une nouvelle équipe à Bamako, celle des 300 logements…En tout cas, on arrive dejà à distinguer de futurs stars potentielles… La nuit tombe, c’est l’heure de rentrer.





DOUNIA, REMISE DES APPAREILS PHOTO

Lundi 22 novembre.

Ma disponibilité avec Dounia va être interrompue pour une quinzaine de jours étant donné que mon amie Amandine arrive ce soir. Amandine est la présidente du club d'ultimate frisbee de Grenoble et ensemble nous allons faire le point sur l'avancé du projet de développement de ce sport ici au Mali.
Nous avions donc choisi ce lundi pour effectuer la remise des appareils. Les enfants sont ce matin très impatients de s'approprier leur boîte à images et c'est avec joie qu'ils se présentent chacun à leur tour au bureau. Je note leur nom au dos de chaque boîtier et leur remets en mains propres. Leur premier déclenchement est un portrait de moi.
Je fais ensuite une photo de groupe puis quelques clichés de chacun d'entre eux armés de leur appareils afin de remercier Mme Sarah Hazlegrove -http://www.hazlegrovephoto.com- qui je le rappelles, s'est investie dans le projet en finançant les jetables. Un grand merci à elle.
Je récupérerai les pellicules après le départ d'Amandine, dans 15 jours. J'ai hâte de voir les résultats...





lundi 22 novembre 2010

LA TABASKI

Mercredi 17 novembre.

A la fin du carême on célèbre l'aïd el khebir, 70 jours plus tard c'est la Tabaski et la nouvelle année débute un mois après.
Aujourd'hui c'est le jour de la Tabaski. Cette fête, lors de laquelle le festin est composé du mouton égorgé le matin même, est la plus importante du calendrier musulman. Je suis convié à la célébration de cette journée par la famille de Papus.
A l'approche de ce mercredi, je me suis rendu compte d'une modification dans les activités de chacun : tout doit être mis en oeuvre pour que la fête soit la meilleure possible. Les entraînements de volley sont désertés depuis lundi; les retardataires doivent s'octroyer un mouton, on me répète souvent de faire attention à la moto car en cette période les vols sont fréquents (certaines familles ne peuvent pas payer les 60 000 Fcfa -100 euros- nécessaires pour s'offrir un animal et l'oncle de Papus me confie que pour les enfants, une Tabaski sans mouton c'est un peu comme un Noël sans cadeaux chez les catholiques, la déception peut être importante).
Vous avez donc compris que cette fête est l'équivalent de notre Noël et en voici le déroulement par l'oncle de Papus : "Quelques jours avant, les gens essaient de se procurer le mouton et la veille ils font le marché pour ce qui va être préparé. Au matin de ce jour, vers 8h30, nous allons à la mosquée pour la prière. Les femmes peuvent y aller mais compte tenu du fait que c'est une journée très chargée -sur le plan culinaire- elles ont beaucoup de travail. A la mosquée nous trouvons donc des femmes d'un certain âge qui n'ont pas à cuisiner.
La célébration dure une demie heure pendant laquelle nous faisons deux prières : l'Adallaka est suivi de la prêche de l'imam sur la signification de la journée et le pardon. Les querelles doivent cesser et chacun doit pardonner à son entourage le mal qu'il a pût lui faire pendant l'année mais si celui-ci fût involontaire. Ensuite l'imam égorge son mouton sur la place publique et donne ainsi le coup d'envoi des festivités. Il donne les bénédictions aux gens et chacun rentre chez soi égorger son mouton. Les femmes préparent le repas, les voisins passent pour faire les bénédictions. Après manger, on sort présenter les voeux à la belle famille.
Avant, la fête durait trois jours, à l'heure actuelle et avec la pression, souvent les gens chôment le jour même mais demain vaqueront à leurs occupations : au marché, on ouvrira les boutiques le matin et vers midi/14 heures on rentrera à la maison. Le soir de Tabaski, la fête en boîte de nuit a remplacé le folklore traditionnel. Par exemple à Ségou, il existe un folklore typique que l'on appelle le "Para" composé d'un gros et de plusieurs petits tam-tam. Les gens forment un très grand cercle et dansent en suivant un pas très organisé, c'est vraiment un beau spectacle. Dans les autres pays on trouve d'autres folklores.
Le poids de Tabaski est très très important dans tous les pays musulmans."

Ce 17 novembre restera une date importante pour moi tant cette immersion fût une chose complètement nouvelle dans ma vie. En voici un résumé en images :


La traditionnelle photo de famille avant le sacrifice des moutons.


Les voisines, photo prise par Papus.


En général les enfants récupèrent les testicules, les font griller et les mangent.


La préparation du repas.


Papus et sa maman.




Lavage des mains avant le repas.


Pendant le repas, hommes et femmes sont séparés.


Le thé.



Le "grin".

mardi 16 novembre 2010

BLOG DE DOUNIA

Mardi 16 novembre

Ca y est ! Il est en ligne !
Ce matin, l'équipe et moi avons créé le blog de l'association. Ce média peut être en véritable atout en terme de communication, c'est pourquoi il est essentiel que pendant mon séjour je forme l'équipe. Cette page doit perdurer !
La situation des enfants est critique et Issiaka le sait. Nous avons mis en place ce blog afin de pouvoir communiquer sur les différentes actions de Dounia mais aussi déclencher (par mon intermédiaire dans un premier temps) une aide internationale. "Dounia" signifie "le Monde" donc le message est clair : " Sauvons nos enfants, les enfants du Monde" . Certes la montagne est énorme mais donnons-nous la main et plus nous serons nombreux, plus la chaîne prendra de l'altitude... Chaque maillon est une victoire.

Inscrivez-vous c'est gratuit et ensemble continuons le combat ! Issiaka et Dounia vous en remercie d'avance.


lundi 15 novembre 2010

KORO

Vendredi 12 novembre.

Korotoumou est une amie de Jo dont j'ai fait la connaissance le week-end dernier. Lors de cette première conversation, elle me faisait part de son envie de poser. Etant conscient de son potentiel, je lui laissais mon numéro afin de prévoir une séance dans la semaine.
Le rendez-vous fût prit pour aujourd'hui vendredi. Nous nous retrouvons autour d'un verre pour faire connaissance et voir dans quelles mesures nous pourrions travailler ensemble. J'apprends entre autres qu'elle a 20 ans et étudie la littérature française.
Pour cette première session, nous allons derrière le palais de la culture sur les rives du fleuve. Après quelques prises de vue (une dizaine) un agent de sécurité nous interpelle et nous invite à venir le voir. "-Restes ici" me dit Koro en se dirigeant vers le garde. Pendant la conversation, je ranges l'appareil dans mon sac. Elle revient après quelques minutes et me dit qu'il est interdit de faire des photos ici (?!)... Je ne comprends pas trop.
"- Mais il t'a donné une raison ?
- Non, il m'a juste dit que l'on pouvait avoir des problèmes si l'on continuait..."
Notre premier shooting s'arrête ici.
En nous dirigeant vers le terrain de volley pour rejoindre les copains, Koro s'arrête aux toilettes du café des Arts (bar dans lequel sont souvent organisés des manifestations culturelles comme des concerts ou des spectacles de danse) et revient avec un flyer Grand concours de mannequinat à Bamako:
" Tu as entre 15 et 26 ans, fille ou garçon ? Tu es passionné(e) par tout ce qui concerne le monde de la mode ? Tu rêves de défiler et de poser devant l'objectif des meilleurs photographes? Viens t'inscrire au café des Arts (Palais de la culture) du 01 au 27 novembre 2010 tous les jours à partir de 15h. Inscription 5000 Fcfa. Apporte une pièce d'identité valide ainsi qu'une photo de tête et une photo de corps."
Koro paraît motivée par ce concours, je ferais mon possible pour l'aider.


En fond, l'ancien pont traversant le fleuve Niger.

jeudi 11 novembre 2010

VOLLEY - ENTRAINEMENT DU 11 NOVEMBRE

Jeudi 11 novembre

La rencontre entre Papus et Vincent eut lieu lors d'un entrainement de volley-ball de l'équipe de la commune 5. Ayant pratiqué ce sport plusieurs années durant et écouté mon ami grenoblois sur l'existence de cette équipe, je faisais en sorte que mes baskets soient du voyage...
Nous nous retrouvons tous les jours de 16h30 jusqu'à environ 18h30, heure de la tombée de la nuit (des projecteurs doivent être installés prochainement), pour jouer dans le parc du palais de la culture. Le fait que le terrain soit à l'extérieur donne au sport toutes ses valeurs de créateur liens sociaux : de nombreux passants s'arrêtent quelques instants pour contempler nos échanges, les débutants s'exercent au toucher de balle à côté du terrain, un jeune est souvent réquisitionné pour faire l'arbitre -il donne les coups de sifflets en tapant sur le poteau avec un cailloux- et d'autres gamins se chargent de faire les ramasseurs de balle. Bref, y'a d'la vie !
Mon passé de volleyeur me permet de me régaler à la passe en distribuant (pour l'instant tant bien que mal étant donné que je ne pratique plus depuis 2 ans maintenant) des balles à mes potes du quartier de Badalabougou. La rigolade est franche et la victoire source de chambrage. Il fait nuit, les plus jeunes rentrent à la maison et leurs aînés se retrouvent pour la 3ème mi-temps devant chez Drissa, pour l'habituel grain et son mythique thé...
































FRISBEE - 1er ENTRAINEMENT AVEC LES ENFANTS DES RUES

Mercredi 10 novembre

La demande d'utilisation du terrain évoquée hier se solde par un échec: hélas, la municipalité refuse de mettre gratuitement à disposition des enfants de sa Rue cette aire de jeu pourtant libre le matin. Dounia ne peut se permettre de payer les 10 000 Francs CFA (15 euros) / entrainement demandés. Nous tirons une croix sur ce terrain.
Dans un quartier populaire voisin, un terrain est ouvert à tous. PP, l'éducateur en charge du sport, la dizaine d'enfants présents aujourd'hui et moi. Malgré le vent qui souffle assez fort et qui ne facilite pas la pratique du frisbee, j'essaie tant bien que mal de mettre en place un exercice d'initiation... Qui vire vite à la foire ! Peu importe, le but de cette 1ère séance est de se faire plaisir. Je m'isole donc, sors le matériel et immortalise ce moment.
Au bout de 20 minutes, les enfants paraissent essoufflés et PP m'invite à arrêter l'entrainement ici.
Raison de ce manque de condition physique? La colle (en plus du tabac pour certains).
En rentrant à l'asso on m'explique qu'ils sniffent régulièrement, je reviendrai sur ce fléau plus tard, après avoir fait quelques recherches sur le sujet.






mardi 9 novembre 2010

DOUNIA, MARDI 9 NOVEMBRE 2010...

... Jour de la présentation de mon fidèle compagnon aux enfants de Dounia :














Demain aura lieu le premier entrainement d'ultimate frisbee de notre équipe...

lundi 8 novembre 2010

RETOUR AU TABLEAU DE L'ECOLE

Lundi 8 novembre 2010

Le rendez-vous était pris: 10h en face de la gare ferroviaire de Bamako, dans les locaux de l'association Dounia. Après la frissonnante douche matinale, je passe chercher Cha chez son cousin Drissa, tous deux potes et coéquipiers de Papus. Cha est un jeune malien de 21 ans, originaire de la région de Tombouctou m'ayant fait savoir son désir d'apprendre la photographie. Je lui avais donc proposé de suivre la futile formation que je m'apprête à donner aux enfants des rues. Sur la moto, sa présence dans mon dos me rassure pour le trajet car comme je l'avais située dans un post précédent, ma destination se trouve en plein Centre-Ville. Au son de ses (avec cet accent malien que j'adore) "là tu vires à droite, là tu vires à gauche, là tu va tout droit", je me faufiles dans cette toujours aussi folle circulation (je commence à penser que filmer un trajet, caméra à l'épaule, va vraiment être nécessaire -en tant que passager, il en va de soit-). Nous arrivons donc à destination et je présente Cha à Issiaka et son équipe. Les enfants sont moins nombreux que d'habitude sur le parvis et après coup je dois reconnaître que ce petit nombre m'étonne car Issiaka m'avait parlé d'une réelle impatience générale concernant les futures leçons de photographie. Après quelques temps de discussions (en Afrique, la coutume pourrait être pas trop vite le matin et doucement l'après-midi), je connecte ma clé USB à l'ordinateur relié au vidéo-projecteur, la séance peut commencer. Les 6 élèves intéressés aujourd'hui sont invités à me rejoindre dans le petit bureau jouxtant l'accueil (ces 2 petites pièces séparées par une cloison sans porte forment l'ensemble des locaux de Dounia, soit 30m carrés à tout casser). Me retrouver au tableau n'a jamais été ma tasse de thé mais aujourd'hui le prof c'est bibi et il va falloir assurer... Un peu stressé je commence donc le cours. Au programme, l'un des piliers de la photographie : le cadrage. Etant donné que la mise en pratique sera effectuée sur des appareils jetables je n'aborde pour l'instant pas le côté technique d'un appareil photo (le fameux mode "M" -manuel- qui effraie un peu tout le monde et qui n'est finalement qu'une question de logique). Les enfants ne comprenant pas le français, je m'adresse à un des éducateurs présent qui se charge de la traduction en bambara. Je parle donc de format, de point de vue, de taille de plans, de lignes de forces et de points forts. J'insiste beaucoup sur les choses essentielles comme le fait de réfléchir "comment, dans cet espace limité par le cadre, je dois placer mes éléments pour que le rendu soit compréhensible" impératif avant tout déclenchement. Les enfants sont attentifs, le silence règne. J'aperçois l'un d'entre eux en train de tomber dans les bras de Morphée; l'éduc le réveille d'un petite tape sur le bras... et oui, à l'accoutumée, cette heure-ci n'est pas celle de la concentration. Durée du cours : une bonne demie heure. Je me sens un peu ridicule de cette prestation car il faut bien le dire, courte. Je penses cependant que l'essentiel est là et qu'il faudra maintenant voir le résultat de chacun sur papier pour porter les conseils et corrections nécessaires. Afin d'améliorer cet apprentissage , l'idée me vient de faire un petit contrôle sous une forme de QCM schématisant différents cadrages. Formation + contrôle doit bien être une bonne recette...
Issiaka m'évoque alors son souhait, dans le but de faire perdurer l'activité au sein de l'association, de donner le même cours aux éducateurs. "- Tout le monde se repose 1/4 d'heure, et après c'est à nous...", je comprends que c'est la récré, et j'en profites pour sortir le compagnon de sac de mon appareil... un frisbee.
La découverte de cet objet volant provoque un moment d'excitation chez mes jeunes élèves. Pour calmer les esprits, je propose une file indienne (dans les couloirs de l'immeuble!) et chacun à leur tour il réceptionne puis me renvoie le disque. Je me rends vite compte qu'une fois de plus à Bamako la mayonnaise frisbee a bel et bien pris. J'ai donc l'honneur d'annoncer la création de la 7ème équipe de Bamako : elle portera le nom de "Dounia" !
Au bout de la bonne demie-heure passée à lancer des frisbees, les adultes se réunissent autour de la table. Entre temps, un des éducateurs est descendu dans le quartier se renseigner sur l'utilisation d'un terrain de football (à savoir qu'ici ils sont libres seulement le matin) comme lieu d'entrainement pour notre nouvelle équipe. Afin de transmettre nos horaires d'utilisation de l'aire de jeu, notre emploi du temps doit être créé. Nous décidons : photo les mardis et vendredis (à partir de 10h), et frisbee le reste de la semaine (lundi, mercredi et jeudi de 9 à 11h). Le programme étant bouclé, je fais la leçon à Cha et mes ainés.
Il est 13h, c'est le moment pour moi de mémoriser le trajet retour...



Retour au tableau de l'école...


Les élèves d'aujourd'hui.

mardi 2 novembre 2010

LE CHOC D'UNE REALITE.

Mardi 2 novembre.

La publication de ce post est le fruit d'une longue hésitation tant les choses que j'ai vu aujourd'hui m'ont perturbées. J'aurais bien évidemment l'occasion de revenir sur le sujet mais je pense que cette première impression mérite d'être immortalisée noir sur blanc. Ce matin, mes yeux ont transmis à tout mon être un sentiment que jamais je n'avais ressenti durant mes 26 années passées sur le sol de cette planète : celui de l'incompréhension la plus totale.
Hier soir, de retour de son voyage professionnel en Belgique, Issiaka Haidara, coordinateur de l'association Dounia secours à l'enfance et avec lequel j'échange depuis maintenant 3 mois, m'a téléphoner pour me confirmer le rendez-vous de ce matin. Je laissais la conversation à Papus, présent à la maison à ce moment là, afin que la situation du lieu lui soit décrite, Bamako étant pour lui ce que Saint-Etienne est pour moi. Résumé de la conversation : je dois y aller en taxi et demander au chauffeur qu'il me dépose devant l'ancienne ambassade des Etats-Unis (centre-ville). Ici un coup de fil à Issiaka devra être donné pour que celui-ci vienne à ma rencontre...
Me voilà sur le siège passager de la mercedes jaune. Une moumoute sur le tableau de bord et quelques gadgets importés du pays du soleil levant me font comprendre que mon hôte sait recevoir. Des K7 audio sont disposées un peu partout à portée de ses mains (vides-poches, entre-sièges...) et leurs nombreux passages dans le poste développent, le tout en pleine circulation, ma culture "klaxo-musicale" malienne. Le chemin me paraît étrange car nous sommes maintenant dans une zone administrative, je ne dis mot étant donné que je ne connais absolument rien de ce côté-ci du fleuve (je vis au sud de celui-ci, nous nous trouvons au nord). J'aperçois des militaires devant un Grand bâtiment et comprends que mon intuition était juste : mon Nagui malien s'est bien trompé, nous sommes devant l'actuelle l'ambassade des Etats-Unis. J'utilise mon joker coup de fil à un ami en appelant Issiaka que je passe directement au chauffeur.
Nous voici reparti en direction du centre-ville et si je devais décrire en une photo ma semaine passée en Afrique, ce serait celle formée par le cadre du pare-brise...
Bref, à ce moment là mon acolyte me sort son portable sur lequel il vient de lancer une vidéo d'un concert de l'artiste malien dont nous avons écouté quelques chansons se déroulant en France ! OK (vive l'Afrique!) ! J'admire les 2 spectacles (la photo derrière les vitres et le concert) 8 minutes durant, tantôt en levant les yeux, tantôt en les baissant... Mon voyage s'achève par les oeuvres de Christiano Ronaldo, Issiaka est là, fin des festivités.
Il m'accueille à la manière de tous ses frères maliens (je ressens à nouveau ce sentiment de retrouvailles), je le suis, monte les escaliers menant au premier étage de cet immeuble à la très vaste cage d'escalier. Me voilà présentement face à face avec la misère d'un monde qui je l'affirme, perd les pédales : une trentaine d'enfants sont là, sur le palier de Dounia, à même le carrelage. Ma plume ne me permet aucunement de décrire la scène tellement la puissance de cette réalité refroidit tout mon corps. Que dire à part qu'à quelques milliers de kilomètres d'ici, leurs frères et soeurs sont à cette heure-ci assis sur les bancs de l'école écoutant les palabres d'une maîtresse délivrant son savoir et instruisant ainsi les futurs (certes à 62 ans) et paisibles retraités de demain?... Certains jouent aux cartes, d'autres dorment et les quelques filles présentes s'occupent de leur nouveaux-nés. Issiaka m'invite à son bureau, mes futurs apprentis photographes viennent me saluer. Une file d'attente se constitue et chacun à leur tour ils viennent me taper dans la main. Lors de cette brève séance de présentation, je croise le regard de certains, d'autres effectuent le geste demandé en regardant leurs pieds nus. Nous discutons avec Issiaka et les 2 ou 3 éducateurs présents, sur la mise en oeuvre de la première partie de notre travail : la formation. Pour nouer un premier contact, je suis alors convié à passer un moment avec les enfants; sur ce palier de porte, ils m'apprennent leur jeu de cartes : le 151. On se relaie à la table du toubab pour quelques parties provoquant des rires qui me réchauffent le coeur. Profitant du lieu sûr, couvert et donc ombragé, on s'allonge, bras en guise d'oreiller puis s'endort constituant ainsi un véritable tapis humain. Le cul scotché à ma chaise et les yeux sur mes petits frères noirs, je me dit alors que la dignité invoquée dans notre déclaration universelle qui nous est si chère, celle des droits de l'homme, comporte apparemment de trop nombreuses exceptions... Je reste là, pas très à l'aise mais me force à me faire violence : ainsi on grandit . Un éducateur est à mes côtés, j'en profites pour lui poser quelques questions concernant ces graines d'humanité oubliées.
Issiaka me ramène chez moi avec sa moto pour m'éviter de payer le taxi, je lui offre un verre d'eau et lui prouve la véracité de mon projet en lui déballant les appareils photos jetables financés par Mme. Sarah Hazlegrove -http://www.hazlegrovephoto.com- (que je remercie au passage) et qui seront bientôt pour ces enfants, des mégaphones.
Il est 16h, il me salue puis disparaît sur sa moto; quant à moi, toujours sous le choc, je tourne en rond...


Partie de "151"


Devant les locaux de Dounia, secours à l'enfance.


Une jeune pensionnaire de Dounia et Issiaka.


"Quand les éléphants se battent, c'est l'herbe qui souffre"
Une situation inacceptable au 21ème siècle.