samedi 30 octobre 2010

RECIT D'UNE ACQUISITION

Samedi 30 octobre.

Question déplacements, Vincent m'avait conseillé d'acheter une moto. J'en parle donc à Jo pour savoir un peu comment je pourrais m'en procurer une puis nous en touchons deux mots à Ibrahim, le jeune guide dogon chez qui j'avais mangé mon premier repas à l'africaine. Le surlendemain (jeudi), il nous téléphone pour nous dire qu'il avait trouvé quelque chose pour moi. Il passe donc à la maison et me propose d'aller voir ça... Je m'installe derrière lui sur sa Djakarta et nous voilà partis aux négociations. Encore une fois le trajet est riche en émotions : nous devons aller dans le centre ville pour voir un ami à lui qui tient une concession de 2 roues. Je me retrouve au beau milieu de cette folle circulation et serrer les fesses est la seule chose que je puisse faire... "- Tu dois me suivre quand on tourne et tout ira bien" me dit Ibrahim (ayant eu une courte expérience de motard, je comprends sa demande et me penche du côté du virage pour éviter le risque de chute). Nous traversons un des 2 grands ponts qui enjambent le fleuve Niger. Sur ce dernier, la partie centrale est réservée aux voitures et sur le trottoirs nous côtoyons bicyclettes et piétons. Etant un peu tendu, je demande à mon pilote de ralentir un peu et à mon plus grand soulagement il exécute très gentiment ma requête. Nous traversons le grand marché ombragé par de grands arbres, je regarde de part et d'autre et mes yeux croisent ici encore tout le possible et imaginable. La population se densifie peu à peu, je comprends que nous arrivons dans le centre ville... Nous garons la moto, un monsieur donne un ticket à Ibrahim pour le stationnement et nous terminons à pied. J'essaie de suivre mon négociateur en slalomant dans ce tintamarre urbain. Quelques pas plus loin nous voici arrivés. Nous pénétrons dans une sorte de couloir dans lequel sont alignés les 2 roues et où le passage est incessant (ce n'est pas un cul de sac). Ibrahim commence les négociations avec son ami, bien évidemment en bambara, moi j'ouvre la bouche de temps à autre, quand mon collègue m'interpelle en me traduisant une phrase. Je ne suis pas forcément à mon aise. Le marchand nous propose 3 machines d'occasion (pour mes 6 mois ici, une seconde main fera l'affaire). Je ne sais pas exactement combien de temps durent les négociations puisque un peu abasourdi. Le choix est maintenant fait et il nous faut aller tester la bécane sur route pour voir un peu ce qu'elle a dans le ventre. Nous sortons dans la rue et Ibrahim me confie à son ami le temps qu'il aille chercher sa moto. Me voilà totalement seul au milieu de l'Afrique. Pas un seul toubab (blanc) à l'horizon. Voilà exactement la raison pour laquelle j'aime partir seul, les émotions sont tellement fortes que ces instants, temporelement insignifiants, restent à jamais gravés au plus profond de nous sous forme de souvenir indélébile. Quand Ibrahim revient, il enfourche ma future fidèle accompagnatrice et laisse la sienne au mains du vendeur. Je grimpe derrière Ibrahim. Nous voilà partis en séance d'essai ! Nous frôlons tout sur notre passage (piétons, voitures, somatras, animaux...) et Ibrahim n'a pas l'air mécontent de la machine. Nous devons consulter Jo (car intermédiaire entre nous deux) et filons donc dans mon quartier des 300 logements. Je réveille Jo de sa sieste, il teste la moto et rend un avis mitigé. Sur ces entrefaits Papus arrive et à son tour s'offre un petit tour. Je fais ressurgir cette sensation d'avoir un guidon entre les mains en exécutant un aller-retour dans la rue tel que je le faisais adolescent lorsqu'un pote débarquait avec une nouvelle meule. Nous discutons tous les 5 sur mon éventuelle acquisition. Je rends mon verdict en confirmant l'achat et nous partons à Badalabougou (quartier se situant avant le pont et donc pas très loin de chez moi) au distributeur. Le premier d'entre eux me refuse les 265 000 francs que vaut ma Djakarta; le vigile de son voisin me signale qu'aujourd'hui il a quelques problèmes de connexions... Pendant ce temps là, Ibrahim et le marchand patientent sur le parking. La situation n'est pas très confortable... J'explique mon problème et nous nous dirigeons non loin d'ici vers ma troisième tentative : la Bank of Africa. Je remercie ma bonne étoile de jouer en ma faveur en me faisant ressortir d'ici montant demandé en main. La transaction étant réglée et la lumière ambiante commençant à s'estomper, il me tarde maintenant de rentrer. Mes modestes 3 petites journées passées dans ma nouvelle ville font que le trajet retour n'est pas une évidence pour moi. Mes deux compères sont assez pressés car le magasin va bientôt fermer et il leur faut y passer pour qu'Ibrahim récupère la facture. Sa gentillesse m'amène jusqu'à un carrefour que je reconnaît. Là ils me laissent. Pensant m'installer au guidon pour rejoindre mon coloc, voilà qu'en plain milieu d'une circulation d'heure de pointe, le vendeur ouvre mon coffre afin de relever le numéro de série de la bête ! Vive l'Afrique ! Mon baptême dans cette circulation se passe bien et j'arrive à bon port sain et sauf.
Le soir nous sommes invités au souper à quelques pas de chez nous dans la sympathique petite maison d'amis de Jo. La soirée se passe bien et je fais la connaissance de 2 couples : un francocentrafricain et un francomalien.
Au retour à la maison, Omar notre gardien me délivre la facture de la moto. Je rejoins Morphée à l'aide du diaporama de cette folle journée...


Moi et l'objet de mon récit devant la porte de ma chambre.


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