lundi 8 novembre 2010

RETOUR AU TABLEAU DE L'ECOLE

Lundi 8 novembre 2010

Le rendez-vous était pris: 10h en face de la gare ferroviaire de Bamako, dans les locaux de l'association Dounia. Après la frissonnante douche matinale, je passe chercher Cha chez son cousin Drissa, tous deux potes et coéquipiers de Papus. Cha est un jeune malien de 21 ans, originaire de la région de Tombouctou m'ayant fait savoir son désir d'apprendre la photographie. Je lui avais donc proposé de suivre la futile formation que je m'apprête à donner aux enfants des rues. Sur la moto, sa présence dans mon dos me rassure pour le trajet car comme je l'avais située dans un post précédent, ma destination se trouve en plein Centre-Ville. Au son de ses (avec cet accent malien que j'adore) "là tu vires à droite, là tu vires à gauche, là tu va tout droit", je me faufiles dans cette toujours aussi folle circulation (je commence à penser que filmer un trajet, caméra à l'épaule, va vraiment être nécessaire -en tant que passager, il en va de soit-). Nous arrivons donc à destination et je présente Cha à Issiaka et son équipe. Les enfants sont moins nombreux que d'habitude sur le parvis et après coup je dois reconnaître que ce petit nombre m'étonne car Issiaka m'avait parlé d'une réelle impatience générale concernant les futures leçons de photographie. Après quelques temps de discussions (en Afrique, la coutume pourrait être pas trop vite le matin et doucement l'après-midi), je connecte ma clé USB à l'ordinateur relié au vidéo-projecteur, la séance peut commencer. Les 6 élèves intéressés aujourd'hui sont invités à me rejoindre dans le petit bureau jouxtant l'accueil (ces 2 petites pièces séparées par une cloison sans porte forment l'ensemble des locaux de Dounia, soit 30m carrés à tout casser). Me retrouver au tableau n'a jamais été ma tasse de thé mais aujourd'hui le prof c'est bibi et il va falloir assurer... Un peu stressé je commence donc le cours. Au programme, l'un des piliers de la photographie : le cadrage. Etant donné que la mise en pratique sera effectuée sur des appareils jetables je n'aborde pour l'instant pas le côté technique d'un appareil photo (le fameux mode "M" -manuel- qui effraie un peu tout le monde et qui n'est finalement qu'une question de logique). Les enfants ne comprenant pas le français, je m'adresse à un des éducateurs présent qui se charge de la traduction en bambara. Je parle donc de format, de point de vue, de taille de plans, de lignes de forces et de points forts. J'insiste beaucoup sur les choses essentielles comme le fait de réfléchir "comment, dans cet espace limité par le cadre, je dois placer mes éléments pour que le rendu soit compréhensible" impératif avant tout déclenchement. Les enfants sont attentifs, le silence règne. J'aperçois l'un d'entre eux en train de tomber dans les bras de Morphée; l'éduc le réveille d'un petite tape sur le bras... et oui, à l'accoutumée, cette heure-ci n'est pas celle de la concentration. Durée du cours : une bonne demie heure. Je me sens un peu ridicule de cette prestation car il faut bien le dire, courte. Je penses cependant que l'essentiel est là et qu'il faudra maintenant voir le résultat de chacun sur papier pour porter les conseils et corrections nécessaires. Afin d'améliorer cet apprentissage , l'idée me vient de faire un petit contrôle sous une forme de QCM schématisant différents cadrages. Formation + contrôle doit bien être une bonne recette...
Issiaka m'évoque alors son souhait, dans le but de faire perdurer l'activité au sein de l'association, de donner le même cours aux éducateurs. "- Tout le monde se repose 1/4 d'heure, et après c'est à nous...", je comprends que c'est la récré, et j'en profites pour sortir le compagnon de sac de mon appareil... un frisbee.
La découverte de cet objet volant provoque un moment d'excitation chez mes jeunes élèves. Pour calmer les esprits, je propose une file indienne (dans les couloirs de l'immeuble!) et chacun à leur tour il réceptionne puis me renvoie le disque. Je me rends vite compte qu'une fois de plus à Bamako la mayonnaise frisbee a bel et bien pris. J'ai donc l'honneur d'annoncer la création de la 7ème équipe de Bamako : elle portera le nom de "Dounia" !
Au bout de la bonne demie-heure passée à lancer des frisbees, les adultes se réunissent autour de la table. Entre temps, un des éducateurs est descendu dans le quartier se renseigner sur l'utilisation d'un terrain de football (à savoir qu'ici ils sont libres seulement le matin) comme lieu d'entrainement pour notre nouvelle équipe. Afin de transmettre nos horaires d'utilisation de l'aire de jeu, notre emploi du temps doit être créé. Nous décidons : photo les mardis et vendredis (à partir de 10h), et frisbee le reste de la semaine (lundi, mercredi et jeudi de 9 à 11h). Le programme étant bouclé, je fais la leçon à Cha et mes ainés.
Il est 13h, c'est le moment pour moi de mémoriser le trajet retour...



Retour au tableau de l'école...


Les élèves d'aujourd'hui.

1 commentaire:

  1. Alors Monsieur le professeur ;)! C'est super que tu es pu commencer, j'attendais de tes nouvelles avec impatience. Un petit conseil du point de vue pédagogique (si je peux me permettre malgré mon peu d'expérience en la matière), il est bien de commencer une séance avec un petit rappel de ce qui a été vu la fois précédente, tu fais ça sous forme de petites questions toutes simples que tu poses à l'assemblée. Ca permet aux apprenants de se remettre dans le bain et à toi de vérifier les aquis nécessaires à la suite du tavail!Enfin je suis certaine que tu te débrouilles comme un chef!
    Tes élèves ont quel âge? Est-ce que ton cours est mixte?
    C'est chouette d'avoir rassemblé une nouvelle équipe de frisbee.
    Continue bien et merci pour ces bonnes nouvelles. Je te souhaite plein de courage et une multitude de bons moments avec toutes tes nouvelles rencontres. Gros bisous

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